Appelés à la vie consacrée dans un institut séculier

 

Louise Royer

Transformer le monde, agir pour le rendre plus juste et plus humain, est-ce réaliste ? Participer pleinement à la vie communautaire de son milieu, assumer des responsabilités dans un commerce, dans sa famille, en politique ou dans la fonction publique tout en étant consacré au Seigneur, est-ce faisable ?

Si vous répondez oui à ces questions, c’est que vous connaissez déjà les instituts séculiers ou que l’Évangile vous en fait déjà soupçonner les contours. L’appellation « institut séculier » a été créée, et son droit particulier articulé par le pape Pie XII en 1947. Il s’agit d’instituts « de vie consacrée où des fidèles vivant dans le monde tendent à la perfection de la charité et s’efforcent de contribuer surtout de l’intérieur à la sanctification du monde ». (Code de droit canonique no 710).

C’est l’appel que j’ai personnellement pu identifier en 1986. J’ai d’abord participé à une retraite de discernement vocationnel donnée par des jésuites au Centre de spiritualité des Ursulines à Québec. J’ai repéré des signes de mon appel, mais je n’étais pas encore située. En révélant ces signes à S. Raymonde Dussault, o.p., j’ai eu un éclairage. Je sentais un appel du Seigneur à la vie consacrée, mais l’idée de passer ne serait-ce qu’une fin de semaine au couvent ne me disait rien. J’étais alors engagée auprès de ma sœur aux études et de ses deux jeunes enfants, et je travaillais en comptabilité à temps partiel. S. Raymonde a interprété les signes : peut-être étais-je appelée à un institut séculier? Même si j’avais lu un paragraphe à leur sujet, je comprenais (mal) qu’il s’agissait de tiers ordres (associés d’une communauté religieuse). S. Raymonde m’a donné le numéro de téléphone de Jeanne. Quand j’ai rencontré cette laïque consacrée, j’ai eu un signe clair que cette forme de vie était pour moi. J’ai formulé une demande et suivi la formation, j’ai discerné et je me suis engagée, jusqu’à mon incorporation définitive dans  l’Institut  séculier les Oblates missionnaires de Marie Immaculée et jusqu’à maintenant.

J’ai mis mes compétences en administration et en pastorale au service de divers organismes – y compris en coopération internationale. Je travaille depuis un an comme secrétaire générale de mon institut. Dans mon milieu, on me connaît par mon nom, tout simplement. La prière a une grande place dans ma vie, et je participe à la liturgie tous les jours. J’ai vécu avec des colocataires; avec des membres de ma famille; j’ai vécu seule aussi. Les gens de mon entourage connaissent généralement mon état de vie, mais je ne l’annonce pas d’emblée. Mes relations avec Dieu, l’Église, cet Institut ne sont pas faciles tous les jours, mais elles me remplissent d’allégresse, d’entrain, de paix intérieure : je suis heureuse, ma vie a du sens, je me sens à ma place. Je rencontre une responsable deux fois ou plus par année pour ce qui touche aux vœux. Je rencontre d’autres oblates en équipe environ chaque mois, en grands groupes trois ou quatre fois par année. Je suis émerveillée et encouragée par leur expérience de vie dans des domaines aussi divers que l’enseignement, le soin des malades, des mères et des bébés, le travail de bureau, l’action sociale, la psychologie, l’engagement syndical, la direction d’écoles, la politique municipale, la militance féministe, l’entreprenariat en coiffure, en édition ou en comptabilité.

Pour mieux aider chacun, chacune à discerner son appel ou à interpréter les signes qu’un autre reçoit, voici quelques questions fréquentes :

En tant que chrétiens, ne sommes-nous pas tous consacrés par le baptême et la confirmation ?

En effet, c’est par le baptême que nous sommes consacrés, et tous et toutes, nous sommes appelés à pratiquer l’Évangile. Même si, dans le langage courant, on peut se consacrer à de nobles activités, c’est la profession publique des conseils évangéliques dans un état de vie (célibat) stable reconnu par l’Église qui caractérise ce qu’on appelle, dans l’Église catholique, « la vie consacrée ».  (Catéchisme # 914, 915).

Donc, la vie consacrée, c’est la vie religieuse ?

La vie religieuse est la forme la plus connue de vie consacrée. D’autres, comme celle des instituts séculiers, sont moins connues, néanmoins, elles sont reconnues. La Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, au nom du Pape (pour ceux de droit pontifical) ainsi que les évêques (pour les instituts de droit diocésain ainsi que pour les ermites, les vierges et les veuves consacrées) sont l’expression institutionnelle de cette reconnaissance. Dans tous les cas, deux volontés s’expriment : celle de la personne, et celle de l’Église, représentée par une personne en autorité.

Les frères et les sœurs (religieux non prêtres) ne sont-ils pas aussi des laïques ?

Oui et non. Leur action dans des domaines de la mission des laïques (politique, commerce et entreprenariat, direction de syndicats ou d’associations, service public ou militaire, parole publique…) est restreinte par le droit de l’Église de la même manière que l’est celle des prêtres ; ils sont en quelque sorte « à part ». Les prêtres membres d’instituts séculiers sont également tenus à ces restrictions. Les frères et les sœurs, contrairement aux autres laïques, doivent être identifiés et donner le témoignage de la vie communautaire. Ils ne peuvent fonder de maison ni d’œuvre dans un diocèse sans l’autorisation de l`évêque du lieu.

Les membres des familles Myriam et Marie-Jeunesse font des vœux, sont-ils consacrés ?

Oui, mais leur forme de consécration n’est pas (encore ?) reconnue pleinement par le droit de l’Église, elles sont en expérimentation, comme l’ont été les instituts séculiers depuis la fondation de la Compagnie de Sainte-Ursule par Sainte Angèle de Mérici en 1535. Parmi les gens qui vivent une consécration non reconnue, on trouve aussi des couples membres d’instituts séculiers, les laïques célibataires, séparés ou divorcés qui font des vœux privés, associés ou non à des instituts, religieux, séculiers ou à des sociétés apostoliques, etc..

L’engagement comme laïque apostolique est-il le même que celui dans un Institut séculier ?

Non, car les laïques apostoliques sont engagés par déclaration mutuelle avec un évêque (le Prélat dans le cas de l’Opus Dei) et non par la consécration. Tant les membres d’instituts séculiers que les laïques apostoliques sont engagés dans « le siècle » (étymologie de séculier), assumant pleinement la mission dans les réalités séculières. Les uns comme les autres peuvent vivre dans leur famille ou seuls, et rester discrets sur leur appartenance au groupe.

Combien êtes-vous ?

Il y a 214 instituts séculiers dans le monde, comprenant quelque 32 500 membres.

Les instituts séculiers sont une réalité assez jeune et minoritaire, mais pas négligeable ! C’est grâce à ceux et celles qui sont appelés aujourd’hui que mûriront les fruits !

Et maintenant, voici des questions dont VOUS avez des réponses ! N’hésitez pas à me les communiquer !

Quel message d’espérance les instituts séculiers vous apportent-ils ?

Quelle contribution devraient-ils apporter aujourd’hui à l’Église et au monde ?

Pour mieux nous connaître:

Pour me rejoindre: secretaire.generale@ommi-is.org

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